Quand on parle de sécurité informatique, on pense souvent à des mots techniques qu’on entend un peu partout, sans toujours savoir ce qui se cache derrière. Parefeu (ou firewall), antivirus, VPN, chiffrement… Mais avant de mettre en place ces outils, la première étape — sans doute la plus essentielle — consiste à identifier les risques en sécurité informatique auxquels ton entreprise est exposée. Car sans cette prise de conscience, aucune mesure ne sera vraiment efficace.
Comprendre ce qu’est un risque en sécurité informatique
Un risque, en sécurité, c’est la combinaison de deux choses :
- Une menace (un hacker, une panne électrique, un employé distrait…)
- Et une vulnérabilité (un mot de passe trop simple, un logiciel non mis à jour, un manque de sauvegarde…)
Quand ces deux éléments se croisent, un incident peut arriver. Et c’est là que ça devient un « risque ». Par exemple : Si une entreprise utilise un ancien logiciel non mis à jour (vulnérabilité), et qu’un virus circule sur Internet ciblant ce logiciel (menace), alors le risque d’infection est réel. Alors, comment s’en protéger ? Il faut tout simplement travailler par étape.
Les étapes pour identifier les risques
Étape 1 : connaître son environnement
Avant même de parler de menaces ou de virus, il faut savoir ce qu’on cherche à protéger. Il faut donc avant toute chose :
- Identifier les actifs importants (les données clients, les contrats, les logiciels utilisés, les serveurs, etc.)
- Comprendre les processus métiers (comment circulent les infos, qui y a accès, quels outils sont utilisés)
- Prendre en compte les fournisseurs et partenaires, car un risque peut aussi venir de l’extérieur.
L’idée est d’établir une sorte de cartographie. On dresse un plan de tout ce qui est essentiel au fonctionnement de l’entreprise, et on l’utilise pour les étapes suivantes. Ce travail est relativement simple à faire, mais peu d’organismes le font réellement.
Étape 2 : identifier les failles possibles
Maintenant qu’on a notre vue d’ensemble, on peut commencer à se poser les bonnes questions. Il faut essayer d’identifier ce qui pourrait mal se passer.
- Est-ce qu’un salarié pourrait supprimer une donnée par erreur ?
- Est-ce qu’un prestataire externe à des droits sur notre système ? Si oui, est-ce qu’il n’a pas « trop » de droits ? Peut-il lire des choses qu’il ne devrait pas ? Peut-il supprimer des choses ?
- Est-ce que l’on a une sauvegarde de nos fichiers critiques ? Si oui, est-ce que l’on sait où elle est ?
- Est-ce que nos accès « physiques » sont bien sécurisés ? Est-ce que la clé du local informatique est dans la boite à clé à côté de la machine à café ? Est-ce que, tout bêtement, on a une serrure sur la porte ?
Chacune des réponses permet de repérer un point faible, une faille potentielle dans le système. Cette identification permet de mettre un nom sur chacun des risques.

Étape 3 : trier les risques
Il est important de ne pas sous-estimer l’importance de cette étape. En effet, tous les risques ne se valent pas. Il y en a qui sont très peu probables, d’autres qui sont susceptibles d’arriver à 99 %. Certains auront un impact négligeable, d’autres pourraient faire très très mal.
C’est pourquoi il faut évaluer ces risques selon deux critères :
- Quelle serait la probabilité que cela se produise ?
- Quel serait l’impact si ça arrivait ?
En croisant ces deux critères, on obtient alors une priorité. Les risques les plus graves et les risques les plus probables seront à traiter en priorité.
Par exemple, le risque qu’un employé renverse son café sur le serveur de production est de probabilité moyenne, avec un impact élevé.
Ce risque sera donc placé en priorité haute : on met le serveur dans un rack fermé, et on interdit au personnel de boire son café dans le local serveur.
À l’inverse, le risque qu’un pigeon entre dans les locaux et débranche un câble avec son bec est d’une probabilité extrêmement faible. On est donc sur une priorité basse, sauf peut-être si vous êtes installés à côté d’un pigeonnier ou près d’un silo à grain. Dans ce cas il faudra penser à fermer la fenêtre, juste au cas où…
Autre cas connu, l’employé qui clique sur un mail d’un « Prince Nigerian » qui est bloqué et qui a besoin d’un virement bancaire rapide. Même si cela prête à sourire, la probabilité de recevoir ce type de mail est malheureusement assez haute. Et que votre employé clique dessus, également.
L’impact peut être potentiellement désastreux. Fuite de donnée, virus, ransomware… La priorité est donc placée sur très haute, il faut former/informer ses équipes et mettre en place un système de protection des mails.
Autre exemple, la fuite de matériel. C’est un point que beaucoup d’entreprises négligent, surtout quand l’activité va vite ou que le turn-over est élevé : le matériel attribué aux salariés. Chaque nouvel arrivant reçoit souvent un ordinateur portable, un téléphone, voire des disques durs externes, des clés USB ou d’autres équipements. Mais que se passe-t-il quand il quitte l’entreprise ? Est-ce que tout est bien récupéré à son départ ? Avez-vous une liste claire de ce qui lui a été confié ? Existe-t-il une procédure de restitution formalisée ?
Le risque ici est double : Perte financière, si le matériel n’est pas restitué. Et bien sûr, fuite de données sensibles, si l’appareil contient des informations non effacées.
Et ce risque peut survenir même sans mauvaise intention : un salarié pressé qui oublie de rendre son disque dur, ou un stagiaire qui repart avec un PC contenant des accès encore actifs.
Mettre en place une fiche d’attribution de matériel, un inventaire simple, et une procédure de retour systématique (avec vérification de l’effacement des données), c’est un petit effort pour éviter de gros tracas.
En parlant du stagiaire en alternance, vous lui fournissez un PC portable d’entreprise, et, pour lui simplifier la vie, vous l’autorisez à l’utiliser également pour ses cours. C’est pratique, ça évite de jongler entre deux machines. Mais qu’en est-il de la sécurité ?
Bref vous l’avez compris, des exemples concrets, nous pourrions en trouver des dizaines d’autres. Le salarié qui synchronise ses mails sur son téléphone personnel, le consultant qui copie des fichiers « juste pour bosser ce week-end », l’ordinateur oublié dans un train…

Étape 4 : prendre des décisions
Maintenant que l’on connaît les risques, il faut faire des choix.
Accepter un risque, c’est une option. Parfois, le jeu n’en vaut pas la chandelle : si le risque est faible, que le coût pour le corriger est élevé et que les conséquences seraient minimes, alors il peut être plus raisonnable de ne rien faire… pour l’instant.
L’idée n’est pas de l’ignorer, mais plutôt de le garder à l’œil. On le note, on le surveille, et on le traite plus tard si la situation évolue. C’est une question de priorités et de bon sens.
Réduire un risque, c’est mettre en place des mesures concrètes pour le rendre moins probable ou moins impactant. Pas besoin forcément de déployer des technologies coûteuses : parfois, des solutions simples suffisent. Par exemple, si votre salle serveur contient des éléments sensibles comme votre DAO, vous pourriez envisager un système de contrôle d’accès sophistiqué avec badges et détection d’intrusion. Mais si cela dépasse vos moyens ou vos besoins, une bonne vieille serrure, une clé limitée à quelques personnes et un registre papier pour noter qui entre et sort, peut déjà réduire fortement le risque sans exploser votre budget.
Transférer un risque, c’est reconnaître qu’on ne peut pas tout gérer soi-même, et choisir de le confier à quelqu’un de mieux équipé pour le faire. Par exemple, si vous identifiez un risque d’incendie ou un besoin de surveillance permanente, vous pouvez prendre une assurance adaptée ou faire appel à un prestataire spécialisé. Que ce soit une société de télésurveillance, un hébergeur sécurisé ou un partenaire technique, l’idée est de déléguer la gestion du risque à un tiers qui en assume la responsabilité (contractuellement). Ce n’est pas fuir le problème, c’est le traiter autrement.
Supprimer un risque, c’est parfois aussi simple que de renoncer à une action trop risquée. Par exemple, si vous utilisez un logiciel obsolète, non maintenu, et peu utilisé, il vaut peut-être mieux le retirer complètement. Cela peut passer par le remplacement de l’outil ou par une modification du processus pour s’en affranchir.
Et après ? On recommence !
Identifier les risques, ce n’est pas un exercice qu’on fait une fois pour toutes. L’entreprise évolue, ses outils changent, de nouvelles menaces apparaissent. C’est pour ça que la norme ISO 27001 demande une réévaluation régulière.
Un bon système de gestion de la sécurité, c’est un système vivant. Ce n’est pas juste un classeur dans un placard, c’est une démarche continue qui évolue avec l’organisation.
Le mot d’Arthur, ton allié sécurité
Identifier les risques en sécurité informatique, c’est comme anticiper une tempête en mer : mieux tu connais ton environnement, plus tu es prêt à réagir.
N’attends pas d’avoir la tête sous l’eau pour agir. Cartographie, bon sens, vigilance et priorisation : ce sont tes meilleurs alliés pour naviguer en eaux troubles.
La sécurité, ce n’est pas une affaire de gadgets ou de jargon technique. C’est une démarche concrète, ancrée dans ton quotidien.
Et si tu veux un coup de tentacule pour aller plus loin… je suis là !
